Traduction de l'album Fugazi de Marillion
Les titres
Assassing - Punch And Judy - Jigsaw - Emerald Lies - She Chameleon - Incubus - Fugazi
Traduction issue des paroles originales publiées sur le site de https://www.marillion.com/music/albums/fugazi.htm
Assassing – J’assassine
Je suis l’assassin, à la langue forgée par l’éloquence
Je suis l’assassin, ton Némésis.
Sur l’autel sacrificiel qui mène au succès, mon ami,
Je libère un inconnu d'un baiser, mon ami
Nulle incantation de remords, mon ami
Ne fait ressortir la lame plantée dans la voix, mon ami.
Qui décore le foulard avec un nœud coulant
Qui a camouflé l’émotion dans un regard lointain
Qui a fait des accrocs dans l’arbre généalogique
Qui a hypnotisé la culpabilité dans la transe rythmée de la carrière
J’assassine, j’assassine, j’assassine, j’assassine.
Ecoute comme les syllabes de l’assaut coupent avec une précision toute tranquille
Les phrases imprimées et glaciales violent tes oreilles et suture l’incision de glace
Les adjectifs de la destruction enterrent la question par-delà la rédemption
Les verbes vénéneux de la candeur impitoyable plagient la ferveur de l’assassin
L’alphabet apocalyptique qui jette un sort, le crédo de la diction retenue
Un ami dans le besoin est un ami qui saigne
A moins que l’amer silence n’infecte la blessure.
Tu étais un mercenaire sentimental dans un champ de tir
Faisant défiler une conscience hollywoodienne
Tu étais un objecteur à la mode, fétiche de l’uniforme
Un esclave pavlovien du fric, jusqu’à ce que sonne le succès
Un observateur muet – moi, l’assassin du collectionneur – transfuge.
Tu t’es résigné à l’échec, mon ami
Et j’ai fait émerger l’étranger qui frissonne, mon ami,
Pour éradiquer le problème, mon ami
Fait ressortir cette lame plantée dans la voix.
Je suis l’assassin, je suis l’assassin.
Et qu’appelles tu assassins, qui accuse les assassins, mon ami ?
Punch And Judy - Punch et Judy
Une machine à laver, un rêve tout raturé,
A ôté l’éclat d’une reine de beauté.
On a trouvé notre nid, dans le Daily Express,
On a rencontré le vicaire dans son habit sain.
On a élevé les enfants selon les préceptes de l’Eglise
Maintenant je végète devant la télé
C’est la pire chose qui me soit arrivée,
Le D.I.V.O.R.C.E, oh, Judy.
Quoiqu’il advienne des batailles d’oreillers,
Quoiqu’il advienne des jeans trop serrés, des vendredis soir,
Quoiqu’il advienne des amants sur la pelouse,
Quoiqu’il advienne des jeux passionnés,
Les dimanches sont pluvieux.
Fers à friser, Mogadons,
« J’ai la migraine, chéri, abrège »
Lits séparés, la peur de la quarantaine
On perd la guerre au pays du Tour de Taille.
Qui a oublié de reboucher le tube de dentifrice ?
Qui a oublié de tirer la chasse ?
Laisse tes chaussettes sales dehors !
Ne marche pas sur le sol que j’ai lavé ! Oh, Judy !
Quoiqu’il advienne des matins souriants,
Quoiqu’il advienne des ruses coquines, de la permissivité,
Quoiqu’il advienne des yeux qui scintillent, des folles conduites,
Les substituts ne sont pas naturels.
Je suis un pilier de bar, le véhicule familial
Transpire l’hypothèque comme un guichetier à la calvitie naissante,
La troisième guerre mondiale, la banlieue,
Je lui ferai avaler ces pilules, et je serai libre.
Plus de Judy, plus de Judy,
Au revoir, Judy.
Jigsaw - Le puzzle
Nous sommes des pièces alignées sur le pourtour du puzzle
Imbriquées dans une pièce manquante
Nous sommes les enfants de la renaissance apaisés sous le Pont des Soupirs
Qui lancent pour toujours des bouts de bois contre le béton
Nous sommes des enfants siamois reliés par le cœur
Que la chirurgie de la première confrontation fait saigner
Et qui retiennent le mot scalpel sur des lèvres tremblantes
Refrain
Redresse toi, regarde moi dans les yeux et dis-moi adieu
Redresse toi, on va à la dérive à se poser trop de questions.
Hier commence demain, demain commence aujourd’hui
Et le problème c’est qu’on ne cesse de ramasser les morceaux par ricochet.
En noyant des crépuscules de téquila, clandestins des bateaux à minuit,
Les réfugiés de l’amour demandent l’asile pour fuir la réalité
Ils brouillent les signaux de détresse sur d’aléatoires fréquences
Rapatriés pour toujours dans des avions chargés de culpabilité
Nous sommes les pilotes d’une passion qui suinte en vol
Vers une autre conférence au sommet, un autre moment de divorce au petit déjeuner
Et nous hurlons au cessez-le-feu, aveuglés par la neige dans une zone d’avalanche.
Refrain
Avons-nous la gâchette trop facile ?
La roulette russe dans la salle d’attente
Des chargeurs vides qui embrassent la fin
Des visions morcelées hantent les ondulations d’une lune de Trévi
Des pièces jetées dans la fontaine pour faire un vœu ou pour nous couvrir les yeux
Nous avons atteint le point d’allumage avec ces étincelles de politesses
Nous avons ressenti la fumée qui vient des horizons
Tu devais savoir que j’avais condamné le passage.
Refrain
Emerald Lies - Des mensonges d'émeraude
Être le prince de la possession dans la galerie du mépris
Supporter tes discrétions indiscrètes, et tu me demandes de me calmer
Quand tu ne cesses de flirter avec le calme calculé de la prostituée
Je suis l’arlequin – en costume de diamants qui fait tomber des gouttes de nuances vertes
Je suis l’arlequin – des étrangers aux sentiments violent mon sanctuaire
Rôdent dans mes rêves.
En pillant tes journaux intimes, je déroberai l’innocence de tes pensées
En détruisant tes lettres, je déterrerai l’innocence de tes scénarios.
En enfilant les costumes de Torquemede, je fais revivre l’Inquisition
De cette manière subtile et torturée je m'inflige des questions dans les questions
En regardant les nuances de gris à travers les nuances de bleu
Je te fais confiance et me fais confiance pour me méfier de toi.
De la fumée des Silk Cut au mascara qui a coulé,
Un soleil de 40 watts sur un drame de tribunal
Les taches de café qui se retrouvent sur le kimono immaculé
Et les alliances qui valsent sur le lino froid.
Et les mouches des accusations qui tournent en rond dans la lumière
Se brûlent les ailes en virevoltant en un vol absurde et suicidaire
Tu as plié ton monde dans une valise, les chaudes larmes mêlées à ce palais de glace
Dissolvent un cristal avalé par la nuit
En regardant les nuances de gris à travers les nuances de bleu
En regardant les nuances de gris à travers les nuances de bleu
She Chameleon - Elle, le lézard
En abritant son égo sous un arc baigné de lumière
Elle contemple la séduction, elle calcule sa prise
Quand elle bougeait, sa présence m’harponnait
Quand elle parlait, ses mots me piégeaient
Je regarde le lézard, je regarde le lézard,
Je regarde le lézard et son voile violacé.
Elle a crucifié mon cœur dans les profondeurs d’une tombe de satin
Dans mon monologue de sueur, je ressentais l’ombre de la lumière de l’amour.
Dans la spirale de la cigarette
Tu laissais entrevoir ton protocole de chevet.
Je voyais le lézard, je voyais le lézard,
Je touchais le lézard avec son voile violacé.
J’en ai vu des portes refermées,
Elle est le caméléon qui sourit,
Les prostituées de vinyle qui sourient
Elles savent ce qu’elles veulent, elles chantent ton nom
Et se glissent dans tes draps.
Je ne dis jamais non, en un éclair de chimie, nos corps se mêleront
Je me disais que ce n’était que des histoires de cul,
Que de l’amour pour rigoler, un autographe charnel, allongé dans le lit d’un lézard
Ce n’était qu’une histoire de cul,
Mais je saignais, humilié et seul, violé et désespéré,
Trahi dans le lit d’un lézard
Nous, les lézards, nous, les lézards.
Incubus - Le cauchemar
Quand les rampes de lumières s’éteignent peu à peu
Et font la révérence à cette romance très convenue
Mon capacité d'attention quitte la scène, l’air se remplit d’un parfum nouveau
Dans un silence balbutiant, ce visage, qui a lancé un millier de films
Trahi par une larme de porcelaine, une carrière entachée.
Refrain
Cette scène, tu l’as déjà jouée, tu l’as déjà jouée
Moi, je suis ta poussière dans l’œil, ta poussière dans l’œil
Une réaction mal placée.
La chambre noire libère l’imagination dans des images pornographiques
Dans lesquelles tu seras toujours la vedette, toujours la vedette, intouchable,
Inaccessible, toujours la même, dans l’obscurité
Qui prends soin d’une érection, une réaction mal placée
Sans aucune fleur à déposer devant cette tombe
Et les murs deviennent séduisants, minces comme du papier journal
Mais les négatifs pourraient être développés,
Et tu serais exposée au voyeurisme en couleurs
L’acte public, il te fait modeler ta honte
Sur le podium des défilés,
Si tu craches le morceau, les gens vont cracher le morceau.
Refrain
Je me suis rejoué cette scène, je me suis rejoué cette scène,
Moi, ta poussière dans l’œil, ta poussière dans l’œil
Une réaction mal placée.
Tu ne peux pas me balayer sous le tapis, tu ne peux pas me cacher sous les escaliers
Moi, le gardien de tes peurs intimes, ton acteur principal d’autrefois
Toi, qui a rampé hors des allées de l’obscurité
Accusée de rejet dans le marécage de l’anonymat
Toi, que j’ai mise en scène avec la volonté d’un amant,
Toi, que j’ai laissé hypnotiser la caméra,
Toi, que j’ai laissé te fondre dans le regard des projecteurs
Toi, qui m’a chassé de tes souvenirs comme un masque de théâtre
Comme un masque de théâtre.
Mais aujourd’hui je suis le serpent dans l’herbe,
Le fantôme des films du passé,
Je suis le producteur de ton cauchemar et le spectacle
Ne fait que commencer, ne fait que commencer.
Ton cercle de serviteurs gesticule comme des marionnettes en plastique
Et toi tu bafouilles, paralysée, avec des yeux de lapin, tu brûles les ténèbres
Tu scrutes les coulisses, à la recherche du vague salut des lèvres du souffleur
Pour retrouver ton monologue, mais tu entretiens ton arrêt de mort
A la recherche de ma dernière réplique, tu restes prostrée,
Dans l’attente d’une prompte réponse, d’une prompte réponse.
Cette scène, tu l’as pourtant déjà jouée.
Fugazi - Fugazi
Ami intime de la vodka, j’entretiens une idylle avec l’isolement dans une cellule de Blackheath
J’éteins le feu dans un enfer personnel
Je provoque le chagrin pour renouveler la licence
D’un poète au cœur qui saigne dans une fragile capsule
Qui veut conserver la croute d’une conscience éclatante
Enveloppé dans le châle chrétien d’une gueule de bois
Baptisé dans les larmes du monde réel.
Je me noie dans l’étreinte liquide de la Piccadilly line,
Des rats font la course à travers l’humidité du labyrinthe électrique
La main d’Ophélie, qui caresse avec fougue
Un albatros, dans la plus pure tradition du mariage
Lové dans mon Walkman, je porte le halo de la distorsion
Je suis un contraceptif oral qui avorte une conversation enceinte
Elle a retourné le harpon contre moi et a m’a percé le cœur
Elle s’est suspendue à mon cou.
Les lecteurs du Time, du Life et du Guardian, dans leurs bulles de conscience,
Sains et saufs dans mon océan de tourments
Les cols blancs aux élégantes cravates
Se rendent vers leurs stands de foire, leurs peepshows, leur héros en stéréo
Je reste calme, tranquille, ensorcelé, en me noyant dans la réalité.
Le voleur de Badgad se cache dans Islington
Il prie pour la déportation de sa vache sacrée
Pour un legs de romance d’un monde étoilé
Pour la dot d’une parente inconnue
Pour une fleur vietnamienne, un syndicat de dockers
Pour une dominatrice dans un magazine porno
Marie-Madeleine négocie plus que des faveurs.
Les mains nourricières des promesses occidentales la saisissent à la gorge.
Un enfant à la croix gammée de 45 exhibe son symbole peroxydé
Les disciples des graffiti conjurent les testaments de haine
Les bombes aérosols projettent leurs murmures là où les projecteurs taillent les haies de barbelés
Bienvenue sur l’échiquier de Brixton.
Un chevalier de l’Embarquement replie son château de papier journal
Un habitué demande une pièce au passeur
Il disparaîtra avec les anciens soldats dans le parchemin tâché de graisse
Et s’attardera avec les cœurs détruits au dernier repas du Vendredi Saint.
Le fils regarde son père parcourir la rubrique nécrologique à la recherche d’amis d’enfance perdus de vue
Tandis que sa génération digère une ignorance riche en fibres
Recroquevillée derrière des rideaux
Et les fenêtres peintes et tapissées de ruban adhésif
Ont décriminalisé le génocide, ont fait entrer des Belsens dans chaque maison
La boîte de Pandore des holocaustes voyage gracieusement sur des paradis infestés de satellites
Ils attendent, la saison du bouton, la pénultième migration
Les parfums radioactifs, pour les fous, les malades en vogue, en phase terminale
Vous ne le voyez pas ? Vous ne le voyez pas ?
Ne voyez vous pas que ce monde est complètement fugazi (1).
Nous sommes les prophètes, nous sommes les visionnaires,
Où sont les poètes pour transpercer l’aube d’un mercenaire sentimental ?
(1) (Fugazi) = acronyme pour Fucked Up, Got Ambushed, Zipped In », qui signifie « foutus, pris en embuscade, enfermés dans des housses à fermeture éclair »