Album Solitude Standing

TOM’S DINER – Chez Tom

Je suis assise un matin

Au diner du coin.

J’attends au comptoir

Que l’employé me verse du café.

Mais il ne remplit ma tasse qu’à moitié

Et avant même que je puisse protester,

Il regarde par la fenêtre

Quelqu’un qui est en train d’entrer.
« C’est toujours un plaisir de te voir »

Dit l’homme derrière le comptoir

A la femme qui vient d’entrer,

Et qui secoue son parapluie.

Je détourne le regard

Pendant qu’ils se font la bise

Je fais semblant de ne pas les voir

Et je verse mon lait dans le café.
J’ouvre le journal,

On parle d’un acteur

Qui est mort pendant qu’il était en train de boire

Je n’avais jamais entendu parler de lui.

Puis je parcours mon horoscope,

La rubrique bandes dessinées,

Quand je sens quelqu’un qui me regarde.

Alors je relève la tête,
Il y a une femme dehors

Qui regarde à l’intérieur, est-ce qu’elle me voit ?

Non, elle ne me voit pas vraiment

Car c’est son propre reflet qu’elle voit.
Je m’efforce de ne pas remarquer

Qu’elle remonte sa jupe,

Et tandis qu’elle remonte aussi ses bas,

Ses cheveux se sont mouillés.

Oh, cette pluie va durer toute la matinée.

Et, tandis que j’écoute les cloches de la cathédrale,
Je repense à ta voix

Et au pique-nique à minuit.

Jadis, avant la pluie.

Et je finis mon café,

Il est temps de prendre le train.

Merci beaucoup, et bonne soirée.  

 

LUKA - Luka

Je m’appelle Luka

J’habite au deuxième étage,

L’appartement au-dessus du vôtre,

Oui, je pense que vous m’avez déjà vu.
Si vous entendez quelque chose, tard dans la nuit,

Comme de l’agitation, comme une bagarre,

Ne me demandez pas ce que c’était,

Ne me demandez pas ce que c’était,

Ne me demandez pas ce que c’était.

Je crois que c’est parce que je suis maladroit

J’essaie de ne pas parler trop fort

C’est peut-être parce que je suis fou

J’essaie de ne pas trop me faire remarquer.
Ils frappent jusqu’à ce que tu pleures

Et après ça, tu ne poses plus de questions,

Tu ne protestes plus,

Tu ne protestes plus,

Tu ne protestes plus.
« Oui, je crois que je vais bien

J’ai pu rentrer chez moi »,

C’est ce que je vous répondrais si vous me le demandiez,

Mais, ce ne sont pas vos affaires après tout.

Je crois que je préfèrerai être seul,

Avec rien de cassé, rien de jeté.
Ne me demandez pas comment je vais,

Ne me demandez pas comment je vais,

Ne me demandez pas comment je vais.

Je m’appelle Luka

J’habite au deuxième étage,

L’appartement au-dessus du vôtre,

Oui, je pense que vous m’avez déjà vu.
Si vous entendez quelque chose, tard dans la nuit,

Comme de l’agitation, comme une bagarre,

Ne me demandez pas ce que c’était,

Ne me demandez pas ce que c’était,

Ils frappent jusqu’à ce que tu pleures

Et après ça, tu ne poses plus de questions,

Tu ne protestes plus,

Tu ne protestes plus,

Tu ne protestes plus.


IRONBOUND/FANCY POULTRY 

Ironbound et la belle volaille

 

Dans le quartier de Ironbound, près de l’avenue L,

Où les femmes portugaises viennent voir ce qu'il y a à vendre,

Les nuages sont si bas, les journées sont si longues,

Et les câbles électriques fendent le ciel.

Les poutres et les ponts entravent la lumière

En formant au sol de petits triangles,

Et les voies ferrées courent

A travers la rouille et la chaleur,

L’éclat et la douce couleur café de leur peau.

Prise entre ce décor d’acier et son destin,

Je la regarde s’avancer vers lui jusque vers le portail

Devant la cour d’école d’Ironbound.

Ici les gosses grandissent comme des mauvaises herbes sur du grillage

Elle dit qu’ils recherchent la lumière, essaient de donner un sens à leur vie

Ils poussent dans les fissures,

Comme l’herbe sur les voies ferrées,

Elle lui dit au revoir.
Elle descend du trottoir et se retrouve dans la rue,

Le sang et les plumes à ses pieds,

Au marché de Ironbound.
Dans le quartier de Ironbound, près de l’avenue L,

Où les femmes portugaises viennent voir ce qu’il y a à vendre,

Les nuages sont si bas, les journées sont si longues,

Et les câbles électriques fendent le ciel.

Elle s’arrête devant un étal

Elle tâte son alliance,

Ouvre son porte-monnaie

Et ressent l’envie de fuir ce quartier.
« Par ici les bons morceaux de volaille,

Poitrines, cuisses, cœurs,

Les dos ne sont pas chers et les ailes, elles sont quasiment données,

Quasiment données ! ».

NIGHT VISION – La vision nocturne

 

La journée, rends grâce,

La nuit, prends garde,

La moitié du monde, dans la douceur,

L’autre moitié, dans la peur.

Quand les ténèbres te prennent,

Et mets leur main sur ton visage,

Ne cède pas trop vite.

Trouve ce  qu’elles ont effacée,

Trouve la ligne, trouve la forme,

A travers la particule.

Trouve le contour, les objets

Te diront comment ils s’appellent.

La table, la guitare,

Le verre vide,

Ne feront plus qu’un à la nuit tombée.

Trouve la ligne, trouve la forme,

A travers la particule.

Trouve le contour, les objets

Te diront comment ils s’appellent.

Je te regarde tomber dans le sommeil,

Je regarde ta première boucle sur la page,

Je regarde tes lèvres qui s’ouvrent et tes yeux qui se ferment

En une foi aveugle.

Je te protègerais,

Je te garderais dans la lumière,

Mais je ne peux que t’apprendre

La vision de nuit,

La vision de nuit,

La vision de nuit.

 

SOLITUDE STANDING – La solitude

 

La solitude se tient près de la fenêtre

Elle tourne la tête pendant que je marche dans la pièce.

Je vois, à son regard, qu’elle attend,

Immobile, que le jour décline.

Elle se tourne vers moi avec la main tendue,

Avec, d’un côté, une fleur, et de l’autre, une flamme.

La solitude se trouve sur le pas de la porte

Et je suis encore coincée par sa sombre silhouette,

Par son regard intense et serein, et son silence.

Et soudain, je me souviens de toutes nos rencontres.

Elle se tourne vers moi avec la main tendue,

Avec, d’un côté, une fleur, et de l’autre, une flamme.

Et elle me dit : « Je suis venue remettre une chose en place »

Elle me dit : « Je suis venue pour éclairer ce cœur noir ».

Elle me prend par le poignet, je sens son empreinte de la peur

Et je lui dis : « Je n’ai jamais pensé de trouver ici ».

Je me tourne vers la foule, tandis qu’ils me regardent

Ils sont assis tous ensemble, dans le noir, dans la tiédeur.

J’avais envie de me trouver parmi eux

Je vois comment leurs yeux ne forment plus qu’un réuni.

Elle se tourne vers moi avec la main tendue,

Avec, d’un côté, une fleur, et de l’autre, une flamme.

Et elle me dit : « Je suis venue remettre une chose en place »

Elle me dit : « Je suis venue pour éclairer ce cœur noir ».

Elle me prend par le poignet, je sens son empreinte de la peur

Et je lui dis : « Je n’ai jamais pensé de trouver ici ».

La solitude se trouve sur le pas de la porte

Et je suis encore coincée par sa sombre silhouette,

Par son regard intense et serein, et son silence.

Et soudain, je me souviens de toutes nos rencontres.

Elle se tourne vers moi avec la main tendue,

Avec, d’un côté, une fleur, et de l’autre, une flamme.

CALYPSO – Calypso

 

Je m’appelle Calypso

J’ai vécu seule.

J’habite sur une île

Où je me suis réveillée à l’aube,

Il y a de cela des années.

Je le regardais lutter contre la mer

Je savais qu’il était en train de se noyer

Et je l’ai fait entrer en moi.

A présent aujourd’hui

Arrive la lumière du matin.

Il s’en va naviguer

Après une ultime nuit,

Et je le laisse s’en aller.
Je m’appelle Calypso

Mon jardin déborde.

Dense, sauvage et cachée

Est la douceur qui s’y répand.

Le vent souffle longtemps dans mes cheveux

Pendant que je chante dans le vent.

Et aux nuits, je leur raconte

Où je pourrais goûter au sel sur sa peau,

Le sel des vagues,

Et des larmes.

Et il avait beau s’éloigner

Je l’ai gardé ici pendant des années,

Et à présent, je le laisse s’en aller.

Je m’appelle Calypso

Je l’ai laissé s’en aller,

A l’aube, il s’en va naviguer,

Pour l’éternité.

Et les vagues encore l’emporteront,

Mais leur trajet, il les connaît maintenant.

Je resterai à attendre sur la rive,

Avec le cœur nettoyé,

Ma chanson dans le vent.

Le sable me piquera les pieds

Et le ciel me brûlera.  

De longues heures de solitude m’attendent,

Je ne lui demande pas de revenir,

Je le laisse partir,

Je le laisser partir.

LANGUAGE – Le langage

 

Si le langage était liquide,

Il viendrait nous submerger.

Mais on est là,

Dans un silence plus éloquent

Que n’importe quel autre mot.

Ces mots sont trop solides,

Ils ne bougent pas assez vite

Pour capter la confusion dans le cerveau,

Qui arrive d’un coup puis qui s’en va,

Qui s’en va,

Qui s’en va.

J’aimerais te rencontrer

Dans un endroit hors de l’espace, hors du temps,

Quelque part hors contexte,

Et au-delà de toutes conséquences.

Retournons devant l’immeuble

(Les mots sont trop solides)

Sur Little West Twelth

Ce n’est pas loin

(Ils ne bougent pas assez vite)

C’est là-bas la rivière,

Et le soleil et les espaces

Font profil bas

(Pour capter la confusion dans le cerveau)

Nous nous assiérons dans le silence

(Qui arrive d’un coup puis qui s’en va)

Qui nous submergera,

Et qui repartira.

Je n’utiliserai plus de mots

Ils ne traduisent pas ce que je veux dire

Ils ne disent pas ce que j’ai dit,

Ils ne sont que la croûte de la signification

Qui cache les royaumes

Jamais touchés,

Jamais agités,

Pas même traversés.

Si le langage était liquide,

Il viendrait nous submerger.

Mais on est là,

Dans un silence plus éloquent

Que n’importe quel autre mot.

Et il est parti,

Parti, parti,

Et il est parti.

 

GYPSY – Le gitan

 

Tu viens de loin,

Avec des images dans les yeux

De bistrots et de rues au petit matin,

Dans l’aurore silencieuse et bleue.

Mais la nuit est la cathédrale

Où on a reconnu le signal.

Nous, les étrangers, on se reconnaît tous bien maintenant,

Comme faisant partie du paysage.

Oh, tu me tiens comme un bébé

Qui ne veut pas s’endormir.

Entortille moi dans tes entrailles

Et laisse moi t’entendre à travers la chaleur.

Tu es le bouffon de cette Cour

Avec ce même sourire qu’a une fille

Distraite par les femmes

Avec des fossettes et des cheveux bouclés,

Par les jolies et les espiègles

Par les timides et les bénies

Par les jupes bouffantes des jeunes filles

Qui promettent de vous serrer contre leur poitrine.
Oh, tu me portes comme un bébé.
Tu as les mains de l’eau de pluie

Et cette boucle dans ton oreille,

La sagesse sur ton visage

Refuse le nombre de tes années,

Avec les doigts du potier

Et le récit hilarant de celui qui fait l’idiot

L’arrangeur du désordre.

Avec tes règles étranges et simples

Oui, je me suis trouvée un nouveau tisseur

D’étranges fils de gaze,

Avec un corps élancé et mince,

Et une bosse sur la tête.

Oh, tu me portes comme un bébé.
Avec un corps mince et élancé,

Et les mains les plus douces du monde,

Nous nous envolerons bientôt pour l’éternité

Vers différents pays,

Et, je t’en prie, ne me cherche plus jamais.

Mais avec moi, tu resteras

Et tu t’entendras en chansons

Un jour en t’envolant.

Oh, tiens moi comme un bébé


WOODEN HORSE – Le cheval de bois

 

Je suis sortie de l’obscurité,

Avec un objet en main,

Un petit cheval blanc en bois,

Que je gardais au fond de moi.  

Et quand je serai morte

Si vous pouviez leur dire

Que l’objet en bois a pris vie,

Que l’objet en bois a pris vie.

Dans la nuit les murs ont disparu,

Dans la journée ont réapparu.

« Je veux être un cavalier comme mon père »,

Furent les seuls mots que j’ai pu prononcer.

Et quand je serai morte

Si vous pouviez leur dire

Que l’objet en bois a pris vie,

Que l’objet en bois a pris vie.

Je suis vivante,

Et je suis tombée

Sous un morceau de soleil qui bougeait,

La liberté.

Je suis sortie de l’obscurité,

Avec un objet à la main,

Je sais que j’ai ce pouvoir

Et je crains d’être tuée.

Et quand je serai morte

Si vous pouviez leur dire ceci :

Que l’objet en bois a pris vie,

Que l’objet en bois a pris vie.